Des rapports que nous avons entendus à l’assemblée plénière et des débats qui les ont suivis, il apparaît que nous avons affaire aux trois faits principaux suivants.
Premièrement, le travail de sabotage, d’espionnage et de diversion des agents des États étrangers, parmi lesquels les trotskistes jouaient un rôle assez actif, a plus ou moins touché toutes ou presque toutes nos organisations, aussi bien économiques qu’administratives et du Parti.
Deuxièmement, des agents des États étrangers, et parmi eux des trotskistes, se sont glissés non seulement dans les organisations de base, mais aussi à certains postes responsables.
Troisièmement, certains de nos dirigeants, au centre comme en province, non seulement n’ont pas su discerner le vrai visage de ces saboteurs, agents de diversion, espions et assassins, mais se sont montrés insouciants, débonnaires et naïfs au point qu’ils ont souvent eux-mêmes contribué à faire accéder les agents des États étrangers à tels ou tels postes responsables.
Tels sont les trois faits incontestables qui découlent naturellement des rapports et des débats qui les ont suivis.
Comment expliquer que nos dirigeants, qui ont une riche expérience de la lutte contre les courants hostiles au Parti et antisoviétiques de tout genre, se soient montrés en l’occurrence si naïfs et si aveugles qu’ils n’ont pas su discerner le vrai visage des ennemis du peuple, qu’ils n’ont pas su reconnaître les loups déguisés en moutons, qu’ils n’ont pas su leur arracher le masque ?
Peut-on affirmer que l’action de sabotage, d’espionnage et de diversion des agents des États étrangers œuvrant sur le territoire de l’U.R.S.S., puisse être pour nous quelque chose d’inattendu, qui ne s’est jamais vu ? Non, on ne saurait l’affirmer. Témoins les actes de sabotage commis dans les diverses branches de l’économie nationale au cours des dix dernières années, depuis l’époque de l’affaire de Chakhti, et qui sont enregistrés dans des documents officiels.
Peut-on affirmer que ces derniers temps aucun signal ne nous ait mis en garde, ni averti au sujet de l’activité de sabotage, d’espionnage ou de terrorisme des agents trotskistes-zinoviévistes du fascisme ? Non, on ne saurait l’affirmer. Il y a eu de ces signaux et les bolchéviks n’ont pas le droit de les oublier.
L’assassinat scélérat de Kirov fut le premier avertissement sérieux attestant que les ennemis du peuple allaient jouer double jeu et que, ce faisant, ils se camoufleraient en bolcheviks, en membres du Parti pour gagner la confiance et s’ouvrir l’accès de nos organisations.
Le procès du « Centre de Leningrad », de même que le procès « Zinoviev-Kamenev » ont donné un nouveau fondement aux leçons qui découlaient de l’assassinat de Kirov.
Le procès du « Bloc zinoviéviste-trotskiste » a amplifié les enseignements des procès antérieurs et montré en toute évidence que les zinoviévistes et les trotskistes groupent autour d’eux tous les éléments bourgeois hostiles, qu’ils sont devenus une agence d’espionnage, de diversion et de terreur de la Gestapo allemande, que le double jeu et le camouflage sont pour les zinoviévistes et les trotskistes l’unique moyen de pénétrer dans nos organisations, que la vigilance et la perspicacité politique constituent le moyen le plus sûr pour empêcher cette pénétration, pour liquider la bande zinoviéviste-trotskiste.
Dans sa lettre confidentielle du 18 janvier 1935, relative à l’assassinat scélérat de Kirov, le Comité central du Parti communiste de l’U.R.S.S. mettait résolument les organisations du Parti en garde contre la bénignité politique et la badauderie philistine.
Voici ce que dit cette lettre confidentielle :
Il faut en finir avec la bénignité opportuniste qui part de cette supposition erronée qu’à mesure que nos forces croissent, l’ennemi deviendrait plus apprivoisé et inoffensif. Cette supposition est foncièrement erronée. Elle est un relent de la déviation de droite, assurant à tous et à chacun que les ennemis s’intégreront tout doucement dans le socialisme, qu’ils deviendront en définitive de véritables socialistes. Il n’appartient pas aux bolchéviks de se reposer sur leurs lauriers et de bayer aux corneilles. Ce qu’il nous faut, ce n’est pas la bénignité, mais la vigilance, la véritable vigilance révolutionnaire bolchévik. Il ne faut pas oublier que plus la situation des ennemis sera désespérée et plus volontiers ils se raccrocheront aux moyens extrêmes, comme unique recours de gens voués à leur perte dans leur lutte contre le pouvoir soviétique. Il faut s’en souvenir et être vigilant.
Dans sa lettre confidentielle du 29 juillet 1936, sur l’activité terroriste et d’espionnage du Bloc trotskiste-zinoviéviste, le Comité central du Parti communiste de l’U.R.S.S. appelait de nouveau les organisations du Parti à déployer le maximum de vigilance, à savoir reconnaître les ennemis du peuple, si habilement masqués fussent-ils.
Voici ce que dit la lettre confidentielle :
Maintenant que la preuve a été faite que, dans la lutte contre le pouvoir des Soviets, les monstres trotskistes-zinoviévistes groupent tous les ennemis jurés, les ennemis les plus haineux des travailleurs de notre pays, — espions, provocateurs, fauteurs de diversion, gardes blancs, koulaks, etc., et qu’entre ces éléments, d’une part, et les trotskistes et les zinoviévistes de l’autre, toutes les démarcations se sont effacées, — toutes nos organisations du Parti, tous les membres du Parti doivent comprendre que la vigilance des communistes est indispensable sur tous les secteurs et dans toutes les conditions. La qualité indispensable à tout bolchévik, dans les conditions présentes, doit être la capacité de reconnaître l’ennemi du Parti, si bien masqué qu’il soit.
Ainsi donc, il y a eu signaux et avertissements.
A quoi appelaient ces signaux et avertissements ?
Ils appelaient à liquider la faiblesse du travail d’organisation dans le Parti et à faire du Parti une forteresse inexpugnable où pas un homme à double face ne pût pénétrer.
Ils appelaient à en finir avec la sous-estimation du travail politique du Parti et à opérer un tournant décisif, destiné à renforcer ce travail par tous les moyens, destiné à renforcer la vigilance politique.
Eh bien ? Les faits ont montré que, pour entendre ces avertissements et signaux, nos camarades avaient l’oreille plus que dure.
C’est ce qu’attestent avec éloquence les faits connus de tous, empruntés à la campagne pour la vérification et l’échange des cartes du Parti.
Comment expliquer que ces avertissements et signaux n’aient pas eu l’effet voulu ?
Comment expliquer que nos camarades du Parti, malgré leur expérience de la lutte contre les éléments antisoviétiques, malgré toute une série de signaux et de mises en garde, se soient montrés politiquement des myopes, en présence de l’action de sabotage, d’espionnage et de diversion des ennemis du peuple ?
Peut-être nos camarades du Parti ont-ils perdu les qualités qu’ils avaient autrefois, sont-ils devenus moins conscients et moins disciplinés ? Non, certes non.
Peut-être sont-ils en voie de dégénérescence ? Non plus ! Une telle supposition est dénuée de tout fondement.
Mais alors ? D’où viennent cette badauderie, cette insouciance, cette bénignité, cette cécité ?
La vérité est que nos camarades du Parti, emportés par les campagnes économiques et les succès prodigieux remportés sur le front de l’édification économique, ont simplement oublié certains faits très importants que les bolchéviks n’ont pas le droit d’oublier. Ils ont oublié un fait essentiel touchant la situation internationale de l’U.R.S.S., et ils n’ont pas remarqué deux faits très importants qui sont en rapport direct avec les actuels saboteurs, espions, agents de diversion et assassins, lesquels s’abritent derrière la carte du Parti et se déguisent en bolchéviks.
Quels sont donc les faits qu’ont oubliés ou que n’ont simplement pas remarqués nos camarades du Parti ?
Ils ont oublié que le pouvoir des Soviets n’a triomphé que sur un sixième du globe, que les cinq sixièmes du globe sont la possession des États capitalistes. Ils ont oublié que l’Union soviétique se trouve dans l’encerclement capitaliste. On a coutume, chez nous, de bavarder sur l’encerclement capitaliste ; mais, pour ce qui est de réfléchir à ce qu’est cette chose-là, l’encerclement capitaliste, on s’y refuse. L’encerclement capitaliste n’est pas une phrase creuse, c’est une chose, très réelle et fort désagréable. L’encerclement capitaliste, cela veut dire qu’il existe un pays, l’Union soviétique, qui a instauré chez lui l’ordre socialiste, et qu’il existe, en outre, un grand nombre de pays, pays bourgeois, qui continuent à mener un genre de vie capitaliste et qui encerclent l’Union soviétique, guettant une occasion de l’attaquer, de la briser ou, en tout cas, de saper sa puissance et de l’affaiblir.
Ce fait essentiel, nos camarades l’ont oublié. Et c’est pourtant bien lui qui détermine la base des relations entre l’encerclement capitaliste et l’Union soviétique.
Prenons, par exemple, les États bourgeois. Des gens naïfs pourraient croire qu’il n’existe entre eux que de bonnes relations, comme entre États d’un seul et même type. Mais, seuls, des gens naïfs peuvent penser ainsi. En réalité, les rapports entre ces États sont loin d’être des rapports de bon voisinage. Il a été démontré, comme deux fois deux font quatre, que les États bourgeois se dépêchent mutuellement, sur leurs arrières, leurs espions, leurs saboteurs, leurs agents de diversion, et par fois aussi leurs assassins ; qu’ils leur donnent comme tâche de s’insinuer dans les établissements et entreprises de ces États, et les noyauter et, « en cas de nécessité », de faire sauter les arrières de ces États, pour les affaiblir et saper leur puissance. Il en est ainsi à l’heure présente. Il en fut ainsi dans le passé également. Prenons, par exemple, les États européens de l’époque de Napoléon Ier. La France grouillait alors d’espions et d’agents de diversion, venus du camp des Russes, Allemands, Autrichiens, Anglais. Et, inversement, l’Angleterre, les États d’Allemagne, l’Autriche, la Russie avaient alors sur leurs arrières un nombre non moins grand d’espions et d’agents de diversion du camp français. Par deux fois, les agents de l’Angleterre attentèrent à la vie de Napoléon et ils soulevèrent à plusieurs reprises les paysans vendéens, en France, contre le gouvernement de Napoléon. Et qu’était le gouvernement de Napoléon ? Un gouvernement bourgeois qui étouffa la Révolution française et conserva seulement les résultats de la révolution qui étaient avantageux pour la grosse bourgeoisie. Il va de soi que le gouvernement de Napoléon n’était pas en reste avec ses voisins et lui aussi prenait des mesures de diversion. Il en était ainsi autrefois, il y a de cela cent trente ans. Il en est ainsi maintenant, cent trente ans après Napoléon Ier. A l’heure actuelle, la France et l’Angleterre grouillent d’espions et d’agents de diversion allemands ; et, inversement, les espions et agents de diversion anglo-français agissent, de leur côté, en Allemagne. Les États-Unis d’Amérique grouillent d’espions et d’agents de diversion japonais, et le Japon d’espions et d’agents de diversion américains.
Telle est la loi des rapports entre États bourgeois.
On se demande pourquoi les États bourgeois devraient observer envers l’État soviétique socialiste une attitude plus délicate et de meilleur voisinage qu’envers les États bourgeois de même type qu’eux ? Pourquoi doivent-ils dépêcher à l’arrière de l’Union soviétique moins d’espions, de saboteurs, d’agents de diversion et d’assassins qu’ils n’en ont sur les arrières des États bourgeois congénères ? Où avez-vous été chercher cela ? Ne serait-il pas plus juste de supposer, du point de vue marxiste, que les États bourgeois doivent dépêcher à l’arrière de l’Union soviétique deux fois et trois fois plus de saboteurs, d’espions, d’agents de diversion et d’assassins qu’ils n’en envoient à l’arrière de n’importe quel État bourgeois ?
N’est-il pas clair que tant qu’existe l’encerclement capitaliste, existeront chez nous les saboteurs, les espions, les agents de diversion et les assassins dépêchés à l’arrière de notre pays par les agents des États étrangers ?
Tout cela nos camarades du Parti l’avaient oublié ; ils ont été pris au dépourvu.
Voilà pourquoi l’activité de diversion et d’espionnage des agents trotskistes de la police secrète japonaise et allemande a été une chose tout à fait inattendue pour certains de nos camarades.
Poursuivons. Dans la lutte qu’ils mènent contre les agents trotskistes, nos camarades du Parti n’ont pas remarqué, ont laissé échapper le fait que le trotskisme actuel n’est plus ce qu’il était, disons, sept ou huit ans plus tôt ; que le trotskisme et les trotskistes ont passé durant ce temps par une sérieuse évolution qui a modifié à fond le visage du trotskisme ; qu’en conséquence la lutte contre le trotskisme, les méthodes de lutte contre ce dernier, doivent être radicalement changées. Nos camarades du Parti n’ont pas remarqué que le trotskisme a cessé d’être un courant politique dans la classe ouvrière ; que, de courant politique qu’il était sept ou huit ans plus tôt, le trotskisme est devenu une bande forcenée et sans principes de saboteurs, d’agents de diversion et d’assassins agissant sur ordre des services d’espionnage des États étrangers.
Qu’est-ce qu’un courant politique dans la classe ouvrière ? Un courant politique dans la classe ouvrière, c’est un groupe ou un parti qui a sa physionomie politique propre, nettement déterminée, une plate-forme, un programme ; qui ne cache pas et ne peut cacher sa façon de voir à la classe ouvrière, la préconise ouvertement et honnêtement, sous les yeux de la classe ouvrière ; qui ne craint pas de montrer sa physionomie politique à la classe ouvrière, ni de faire la démonstration de ses buts et objectifs réels devant la classe ouvrière, mais qui, au contraire, va à celle-ci, le visage découvert, pour la convaincre de la justesse de son point de vue. Dans le passé, il y a de cela sept ou huit ans, le trotskisme était au sein de la classe ouvrière un des courants politiques de ce genre, antiléniniste, il est vrai, et partant profondément erroné, mais malgré tout un courant politique.
Peut-on dire que le trotskisme actuel, par exemple, le trotskisme de 1936, soit un courant politique dans la classe ouvrière ? Non, on ne peut le dire. Pourquoi ? Parce que les trotskistes de nos jours craignent de montrer à la classe ouvrière leur vrai visage ; parce qu’ils craignent de lui dévoiler leurs buts et objectifs réels ; parce qu’ils cachent soigneusement à la classe ouvrière leur physionomie politique, de peur que si la classe ouvrière apprend leurs véritables intentions, elle les maudisse comme des hommes qui lui sont étrangers et les chasse loin d’elle. Ainsi s’explique que, à proprement dit, la méthode essentielle de l’action trotskiste ne soit pas aujourd’hui la propagande ouverte et loyale de ses points de vue au sein de la classe ouvrière, mais leur camouflage, la louange obséquieuse et servile des points de vue de ses adversaires, la façon pharisaïque et hypocrite de traîner dans la boue ses propres points de vue.
Au procès de 1936, si vous vous en souvenez, Kaménev et Zinoviev ont catégoriquement nié avoir une plate-forme politique quelconque. Ils avaient la pleine possibilité de développer pendant le procès leur plate-forme politique. Or, ils ne l’ont pas fait ; ils ont déclaré n’avoir aucune plate-forme politique. Il ne fait pas doute que tous deux mentaient lorsqu’ils niaient avoir une plate-forme. Aujourd’hui, les aveugles eux-mêmes voient qu’ils avaient une plate-forme politique à eux. Mais pourquoi ont-ils nié avoir une plate-forme politique ? Parce qu’ils craignaient de découvrir leur vrai visage politique, parce qu’ils craignaient de montrer leur plate-forme réelle de restauration du capitalisme en U.R.S.S., de peur qu’une telle plate-forme ne provoque l’aversion de la classe ouvrière.
Au procès de 1937, Piatakov, Radek et Sokolnikov ont pris un autre chemin. Ils n’ont pas nié l’existence d’une plate-forme politique chez les trotskistes et les zinoviévistes. Ils ont reconnu que ceux-ci avaient une plate-forme politique déterminée ; ils ont reconnu et développé celle-ci dans leurs déclarations. Mais s’ils l’ont développée, ce n’était point pour appeler la classe ouvrière, pour appeler le peuple à soutenir la plate-forme trotskiste, mais pour la maudire et la stigmatiser comme plate-forme antipopulaire et antiprolétarienne. Restauration du capitalisme, liquidation des kolkhoz et des sovkhoz, rétablissement du système d’exploitation ; alliance avec les forces fascistes de l’Allemagne et du Japon pour hâter le déclenchement d’une guerre contre l’Union soviétique ; lutte pour la guerre et contre la politique de paix ; démembrement territorial de l’Union soviétique, l’Ukraine devant être livrée aux Allemands et la Province maritime aux Japonais ; préparation de la défaite militaire de l’Union soviétique au cas où elle serait attaquée par les États ennemis ; et, comme moyen d’atteindre ces buts : sabotage, diversion, terrorisme individuel contre les dirigeants du pouvoir des Soviets, espionnage au profit des forces fascistes nippo-allemandes, telle est la plate-forme politique du trotskisme actuel, exposée par Piatakov, Radek et Sokolnikov. On comprend qu’une telle plate-forme, les trotskistes ne pouvaient pas ne pas la cacher au peuple, à la classe ouvrière. Et ils ne la cachaient pas seulement à la classe ouvrière, mais aussi à la masse trotskiste, et non seulement à la masse trotskiste, mais même à l’équipe dirigeante trotskiste, composée d’une petite poignée de trente à quarante hommes. Lorsque Radek et Piatakov ont demandé à Trotski l’autorisation de réunir une petite conférence de trente à quarante trotskistes, afin de les informer du caractère de cette plate-forme, Trotski le leur a interdit, en déclarant qu’il n’était pas rationnel d’exposer le caractère réel de la plate-forme, même à une petite poignée de trotskistes, une « opération » de ce genre pouvant ; provoquer la scission.
Des « hommes politiques » qui cachent leurs convictions, leur plate-forme non seulement à la classe ouvrière, mais aussi à la masse trotskiste, et non seulement à la masse trotskiste, mais aussi à l’équipe dirigeante des trotskistes : telle est la physionomie du trotskisme de nos jours.
Il s’ensuit que le trotskisme actuel ne peut plus être appelé un courant politique dans la classe ouvrière.
Le trotskisme de nos jours n’est pas un courant politique dans la classe ouvrière, mais une bande sans principes et sans idéologie de saboteurs, d’agents de diversion et de renseignements, d’espions, d’assassins, une bande d’ennemis jurés de la classe ouvrière, une bande à la solde des services d’espionnage des États étrangers.
Tel est le résultat incontestable de l’évolution du trotskisme au cours des sept ou huit dernières années.
Telle est la différence entre le trotskisme d’autrefois et le trotskisme d’aujourd’hui.
L’erreur de nos camarades du Parti, c’est qu’ils n’ont pas remarqué cette différence profonde entre le trotskisme d’autrefois et le trotskisme d’aujourd’hui. Ils n’ont pas remarqué que les trotskistes ont depuis longtemps cessé d’être des hommes d’idées ; que, depuis longtemps, les trotskistes sont devenus des bandits de grand chemin capables de toutes les vilenies, de toutes les infamies, jusques et y compris l’espionnage et la trahison directe de leur patrie, pourvu qu’ils puissent faire du tort à l’État soviétique et, au pouvoir des Soviets. Nos camarades ne l’ont pas remarqué et n’ont pas su, pour cette raison, se réorganiser en temps opportun pour engager la lutte contre les trotskistes d’une manière nouvelle, d’une façon plus énergique.
Voilà pourquoi les ignominies commises par les trotskistes, en ces dernières années, ont été une chose tout à fait inattendue pour certains de nos camarades du Parti.
Poursuivons. Nos camarades du Parti n’ont pas remarqué, enfin, qu’il existe une différence essentielle, d’une part, entre les actuels saboteurs et agents de diversion, parmi lesquels les agents trotskistes du fascisme jouent un rôle assez actif, et les saboteurs et agents de diversion de l’époque de l’affaire de Chakhti, d’autre part.
Premièrement. Les saboteurs de Chakhti et les membres du Parti industriel étaient pour nous des hommes franchement étrangers. C’étaient, pour la plupart, d’anciens propriétaires d’entreprises, d’anciens administrateurs des patrons d’autrefois, d’anciens associés de vieille sociétés anonymes ou simplement de vieux spécialistes bourgeois, qui, au point de vue politique, nous étaient franchement hostiles. Aucun d’entre nous ne doutait du vrai visage politique de ces messieurs. Au reste, les hommes de Chakhti eux-mêmes ne dissimulaient pas leur attitude hostile envers le régime soviétique. On ne saurait en dire autant des actuels saboteurs et agents de diversion, des trotskistes : ce sont, pour la plupart, des membres du Parti, qui ont en poche la carte du Parti ; par conséquent, des hommes qui, officiellement, ne nous sont pas étrangers. Si les vieux saboteurs agissaient contre nos hommes, les nouveaux saboteurs, au contraire, leur font des courbettes, font l’éloge de nos hommes, rampent devant nos hommes pour gagner leur confiance. La différence, comme vous le voyez, est essentielle.
Deuxièmement. Ce qui faisait la force des saboteurs de Chakhti et des membres du Parti industriel, c’est qu’ils possédaient, à un degré plus ou moins grand, les connaissances techniques nécessaires, tandis que nos hommes à nous, qui n’avaient pas ces connaissances, étaient contraints de se mettre à leur école. Ceci donnait un grand avantage aux saboteurs de l’époque de Chakhti, cela leur permettait de nuire en toute liberté et sans obstacle, cela leur permettait de tromper nos hommes techniquement. Il en va autrement des saboteurs de nos jours, des trotskistes. Les saboteurs d’aujourd’hui n’ont aucun avantage technique sur nos hommes. Au contraire, au point de vue technique, nos hommes sont mieux préparés que les saboteurs actuels, que les trotskistes. Dans l’intervalle de l’époque de Chakhti à nos jours, de véritables cadres bolchéviks techniquement ferrés ont grandi chez nous et comptent des dizaines de milliers d’hommes. On pourrait nommer des milliers et des dizaines de milliers de dirigeants bolchéviks qui se sont développés au point de vue technique et en comparaison desquels tous ces Piatakov et ces Livchitz, ces Chestov et Bogouslavski, ces Mouralov et Drobnis ne sont que de vains bavards et des blancs-becs sous le rapport de la formation technique. Qu’est-ce qui fait donc la force des saboteurs actuels ? Leur force réside dans la carte du Parti, dans la possession de la carte du Parti. Leur force, c’est que la carte du Parti leur donne la confiance politique et leur ouvre accès à tous nos établissements et organisations. Leur avantage, c’est que, possédant cette carte et se faisant passer pour les amis du pouvoir des Soviets, ils trompaient nos hommes politiquement, abusaient de leur confiance, nuisaient en sous-main et dévoilaient nos secrets d’État aux ennemis de l’Union soviétique. « Avantage » douteux quant à sa valeur politique et morale, mais « avantage » qui, en somme, explique le fait que les saboteurs trotskistes, comme possesseurs de la carte du Parti et ayant accès à tous les postes de nos établissements et organisations, ont été une véritable aubaine pour les services d’espionnage des États étrangers.
L’erreur de certains de nos camarades du Parti, c’est qu’ils n’ont pas remarqué, qu’ils n’ont pas compris toute cette différence entre les anciens et
les nouveaux saboteurs, entre les hommes de Chakhti et les trotskistes, et, ne l’ayant pas remarquée, ils n’ont pas su se réorganiser en temps opportun pour engager leur lutte, d’une manière nouvelle, contre les nouveaux saboteurs.
Tels sont les faits principaux touchant notre situation internationale et intérieure, que nombre de nos camarades du Parti ont oubliés ou n’ont pas remarqués.
Voilà pourquoi nos gens ont été pris au dépourvu par les événements des dernières années, en ce qui concerne le sabotage et les actes de diversion.
On peut demander : mais pourquoi nos hommes n’ont-ils pas remarqué tout cela, pourquoi ont-ils oublié toutes ces choses ?
D’où viennent cette amnésie, cette cécité, cette insouciance, cette bénignité ?
N’est-ce pas là un vice organique dans le travail de nos hommes ?
Non, ce n’est pas un vice organique. C’est un phénomène temporaire, qui peut être rapidement liquidé à la condition que nos hommes fassent certains efforts.
Mais alors de quoi s’agit-il ?
La vérité est que, ces dernières années, nos camarades du Parti étaient entièrement absorbés par le travail économique, les succès économiques les exaltaient à l’extrême ; devant cette exaltation, ils ont oublié toute autre chose, délaissé tout le reste.
La vérité est qu’étant exaltés par les succès économiques, ils y ont vu le commencement et la fin de tout ; quant aux problèmes touchant la situation internationale de l’Union soviétique, l’encerclement capitaliste, le renforcement du travail politique du Parti, la lutte contre le sabotage, etc., ils ont simplement cessé d’y faire attention, estimant que toutes ces questions sont choses de deuxième et même de troisième ordre.
Certes, les succès et les réalisations sont une grande chose. Nos succès dans le domaine de l’édification socialiste sont immenses en effet. Mais les succès, comme tout ce qui existe au monde, ont aussi leurs ombres. Les grands succès et les grandes réalisations font souvent naître chez des hommes peu rompus à la politique, l’insouciance, la bénignité, le contentement de soi, une assurance excessive, la suffisance, la vantardise. Vous ne pouvez nier que, ces derniers temps, les vantards pullulent chez nous. Il n’est pas étonnant que, dans cette ambiance de grands et sérieux succès dans le domaine de l’édification socialiste, des tendances se font jour à la fanfaronnade, à la démonstration pompeuse de nos succès, des tendances à sous-estimer les forces de nos ennemis et à surestimer nos propres forces et, comme conséquence de tout cela, la cécité politique se manifeste.
A ce propos, je dois dire quelques mots sur les dangers liés aux succès, sur les dangers liés aux réalisations.
Les dangers liés aux difficultés, nous les connaissons par expérience. Voilà plusieurs années que nous menons la lutte contre les dangers de ce genre et, il faut le dire, non sans succès. Les dangers liés aux difficultés font souvent naître chez les gens instables des tendances à l’abattement, au manque de foi en leurs forces, des tendances au pessimisme. Et, au contraire, là où il s’agit de vaincre les dangers résultant des difficultés, des hommes se trempent dans cette lutte et en sortent de véritables bolchéviks de silex. Telle est la nature des dangers liés aux difficultés. Tels sont les résultats que donne la lutte menée pour triompher des difficultés.
Mais il est un autre genre de dangers, dangers liés aux succès, liés aux réalisations. Parfaitement, des dangers liés aux succès, aux réalisations. Ces dangers consistent en ceci : chez les hommes peu rompus à la politique et n’ayant pas beaucoup d’expérience, l’ambiance des succès. — succès sur succès, réalisation sur réalisation, dépassement de plan sur dépassement de plan, — engendre des tendances à l’insouciance et au contentement de soi, crée une atmosphère de solennités, d’apparat et de félicitations mutuelles qui tue le sens de la mesure et émousse le flair politique, désaimante les hommes et les incite à se reposer sur leurs lauriers.
Il n’est pas étonnant que dans cette atmosphère grisante de suffisance et de contentement de soi, que dans cette atmosphère de démonstrations pompeuses et de tapageuses louanges réciproques, les gens oublient certains faits essentiels d’une importance primordiale pour les destinées de notre pays ; les gens commencent à ne pas remarquer des choses désagréables comme l’encerclement capitaliste, les nouvelles formes de sabotage, les dangers attachés à nos succès, etc. Encerclement capitaliste ? Bah ! mais c’est une bagatelle ! Quelle importance peut bien avoir un encerclement capitaliste, si nous accomplissons et dépassons nos plans économiques ? Nouvelles formes de sabotage, lutte contre le trotskisme ? Bêtises que tout cela ! Quelle importance peuvent bien avoir toutes ces vétilles, si nous accomplissons et dépassons nos plans économiques ? Statut du Parti, caractère électif des organes du Parti, devoir pour les dirigeants du Parti de rendre compte de leur mandat devant la masse des militants du Parti ? Mais tout cela est-il bien nécessaire ? D’une façon générale, est-ce la peine de perdre son temps à ces vétilles, si notre économie croît, et si la situation matérielle des ouvriers et des paysans s’améliore de plus en plus ? Bêtises que tout cela ! Nous dépassons nos plans, nous avons un Parti qui n’est pas mal ; le Comité central du Parti n’est pas mal non plus. Du diable si nous avons besoin d’autre chose ? Drôles de gens que ceux qui siègent là-bas à Moscou, au Comité central du Parti : ils inventent un tas de problèmes, ils discutent d’on ne sait quel sabotage, ils ne dorment pas eux-mêmes et empêchent les autres de dormir...
Voilà un exemple démonstratif de la facilité et de la « simplicité » avec laquelle certains de nos camarades sans expérience, emportés par le vertige des succès économiques, contractent la cécité politique.
Tels sont les dangers liés aux succès, aux réalisations.
Voilà ce qui fait que nos camarades du Parti, s’étant laissés emporter par les succès économiques, ont oublié les faits d’ordre international et intérieur, dont l’importance est essentielle pour l’Union soviétique et n’ont pas remarqué tout un ensemble de dangers qui entourent notre pays.
Telles sont les racines de notre insouciance, de notre amnésie, de notre bénignité, de notre cécité politique.
Telles sont les racines des défauts de notre travail économique et du Parti.
Comment liquider ces défauts de notre travail ?
Que faut-il faire pour cela ?
Il est nécessaire de réaliser les mesures suivantes :
Il faut, avant tout, orienter l’attention de nos camarades du Parti, qui restent embourbés dans les « questions courantes » de tel ou tel service, vers les grandes questions politiques d’ordre international et intérieur.
Il faut élever le travail politique de notre Parti au niveau nécessaire, en plaçant au premier plan l’instruction politique et la trempe bolchévik des cadres du Parti, de l’Etat et de l’économie nationale.
Il faut expliquer à nos camarades du Parti que les succès économiques, dont l’importance est incontestablement très grande, et auxquels nous continuerons à travailler de jour en jour, d’année en année, n’épuisent cependant pas tous les problèmes de notre édification socialiste.
Expliquer que les côtés négatifs des succès économiques, qui sont le contentement de soi, l’insouciance, l’émoussement du flair politique, ne peuvent être liquidés que si aux succès économiques s’ajoutent les succès de l’édification du Parti et d’un vaste travail politique de notre Parti.
Expliquer que les succès économiques eux-mêmes, leur solidité et leur durée dépendent entièrement et sans réserve des succès et du travail d’organisation et du travail politique du Parti ; qu’en l’absence de ces conditions, les succès économiques peuvent s’avérer bâtis sur le sable.
Il faut se rappeler et ne jamais oublier que l’encerclement capitaliste est le fait essenliel qui détermine la situation internationale de l’Union soviétique.
Il faut se rappeler et ne jamais oublier que tant qu’existe l’encerclement capitaliste, existeront les saboteurs, les agents de diversion, les espions, les terroristes dépêchés à l’arrière de l’Union soviétique par les services d’espionnage des Etats étrangers : il faut s’en souvenir et mener la lutte contre les camarades qui sous-estiment l’importance de l’encerclement capitaliste, qui sous-estiment les forces et l’importance du sabotage.
Expliquer à nos camarades du Parti qu’il n’est point de succès économiques, si grands soient-ils, qui puissent annuler le fait de l’encerclement capitaliste et les conséquences découlant de ce fait.
Appliquer les mesures nécessaires pour que nos camarades, les bolchéviks, membres et non-membres du Parti, aient la possibilité de prendre connaissance des buts et des tâches, de la pratique et de la technique de l’action de sabotage, d’espionnage et de diversion des services d’espionnage étrangers.
Il faut expliquer à nos camarades du Parti que les trotskistes, qui sont des éléments actifs de l’action de sabotage, de diversion et d’espionnage des services d’espionnage étrangers, ont depuis longtemps déjà cessé d’être un courant politique dans la classe ouvrière ; qu’ils ont depuis longtemps déjà cessé de servir quelque idée que ce soit, compatible avec les intérêts de la classe ouvrière ; qu’ils sont devenus une bande, sans principes et sans idées, de saboteurs, d’agents de diversion, d’espions, d’assassins à la solde des services d’espionnage étrangers.
Expliquer que, dans la lutte contre le trotskisme de nos jours, ce qu’il faut maintenant, ce ne sont pas les vieilles méthodes, les méthodes de discussion, mais les méthodes nouvelles, les méthodes consistant à extirper, à mettre en déroute.
Il faut expliquer à nos camarades du Parti la différence qui existe entre les saboteurs actuels et les saboteurs de l’époque de l’affaire de Chakhti ; expliquer que si les saboteurs de l’époque de Chakhti trompaient nos hommes sur le terrain technique, en exploitant leur retard technique, les saboteurs actuels, en possession de la carte du Parti, trompent nos hommes par la confiance politique qui leur est faite, comme à des membres du Parti, en exploitant l’insouciance politique de nos hommes.
Il faut compléter l’ancien mot d’ordre sur l’assimilation de la technique, mot d’ordre qui correspondait à l’époque de Chakhti, par un nouveau mot d’ordre sur l’éducation politique des cadres, sur l’assimilation du bolchévisme et la liquidation de notre crédulité politique, mot d’ordre qui correspond parfaitement à l’époque que nous vivons.
On peut demander : n’était-il pas possible, dix ans plus tôt, pendant l’époque de Chakhti, de formuler d’emblée les deux mots d’ordre, le premier sur l’assimilation de la technique, et le deuxième sur l’éducation politique des cadres ? Non, cela n’était pas possible. Ce n’est pas ainsi que les choses se font dans notre Parti bolchévik. Aux moments où le mouvement révolutionnaire opère un tournant, toujours est, formulé un mot d’ordre essentiel, un mot d’ordre crucial dont nous nous saisissons pour pouvoir, grâce à lui, tirer à nous toute la chaîne. Voici ce que Lénine nous a enseigné : trouvez l’anneau essentiel dans la chaîne de notre travail, saisissez-vous-en et tirez-le pour pouvoir, grâce à lui, tirer à vous toute la chaîne et marcher de l’avant. L’histoire du mouvement révolutionnaire montre que cette tactique est la seule juste. A l’époque de Chakhti, la faiblesse de nos hommes résidait dans leur retard technique. Ce n’étaient pas les questions politiques, mais les questions techniques qui étaient alors pour nous le point faible. Quant à notre attitude politique à l’égard des saboteurs de ce temps, elle est parfaitement claire : attitude de bolchéviks à l’égard d’hommes politiques étrangers. Cette faiblesse technique, nous l’avons liquidée en formulant le mot d’ordre de l’assimilation de la technique et en éduquant, pendant la période écoulée, des dizaines et des centaines de milliers de bolchéviks techniquement ferrés. Il en va autrement maintenant que nous possédons des cadres bolchéviks techniquement ferrés, et que le rôle de saboteurs est tenu non plus par des hommes ouvertement étrangers, mais par des hommes qui n’ont, pardessus le marché, aucun avantage technique sur nos hommes à nous, mais par des hommes possédant la carte du Parti et jouissant de tous les droits réservés aux membres du Parti.
Maintenant, la faiblesse de nos hommes, ce n’est pas leur retard technique, mais leur insouciance politique, leur confiance aveugle envers ceux qu’un hasard a mis en possession de la carte du Parti ; l’absence d’un contrôle sur les hommes non d’après leurs déclarations politiques, mais d’après les résultats de leur travail. Maintenant, la question cruciale pour nous n’est pas de liquider le retard technique de nos cadres, celui-ci l’étant déjà dans l’essentiel, mais de liquider l’insouciance politique et la crédulité politique à l’égard des saboteurs qu’un hasard a mis en possession de la carte du Parti.
Telle est la différence essentielle entre la question cruciale de la lutte pour les cadres à l’époque de Chakhti, et, la question cruciale de la période présente.
Voilà pourquoi, il y a dix ans, nous ne pouvions, ni ne devions lancer ensemble les deux mots d’ordre, celui de l’assimilation de la technique et celui de l’éducation politique des cadres.
Voilà pourquoi il est nécessaire maintenant de compléter l’ancien mot d’ordre de l’assimilation de la technique, par un nouveau mot d’ordre sur l’assimilation du bolchévisme, sur l’éducation politique des cadres et la liquidation de notre insouciance politique.
Il faut, démolir et rejeter loin de nous la théorie pourrie selon laquelle, à chaque pas que nous faisons en avant, la lutte de classe, chez nous, devrait, prétend-on, s’éteindre de plus en plus ; qu’au fur et à mesure de nos succès, l’ennemi de classe s’apprivoiserait de plus en plus.
C’est non seulement une théorie pourrie, mais une théorie dangereuse, car elle assoupit nos hommes, elle les fait tomber au piège et permet à l’ennemi de classe de se reprendre, pour la lutte contre le pouvoir des Soviets.
Au contraire, plus nous avancerons, plus nous remporterons de succès et plus la fureur des débris des classes exploiteuses en déroute sera grande, plus ils recourront vite aux formes de lutte plus aiguës, plus ils nuiront à l’Etat soviétique, plus ils se raccrocheront aux procédés de lutte les plus désespérés, comme au dernier recours d’hommes voués à leur perte.
Il ne faut pas perdre de vue que les débris des classes défaites en U.R.S.S. ne sont pas solitaires. Ils bénéficient de l’appui direct de nos ennemis, au delà des frontières de l’U.R.S.S. Ce serait une erreur de croire que la sphère de la lutte de classes est limitée aux frontières de l’U.R.S.S. Si une aile de la lutte de classes agit dans le cadre de l’U.R.S.S., son autre aile s’étend jusque dans les limites des Etats bourgeois qui nous entourent. Les débris des classes défaites ne peuvent l’ignorer. Et, justement parce qu’ils le savent, ils continueront à l’avenir encore leurs attaques désespérées.
C’est ce que nous enseigne l’histoire. C’est ce que nous enseigne le léninisme.
Il faut se rappeler tout cela et se tenir sur le qui-vive.
Il faut démolir et rejeter loin de nous une autre théorie pourrie, selon laquelle ne pourrait être saboteur celui qui ne se livre pas constamment au sabotage et qui, ne serait-ce que de temps à autre, montre des succès dans son travail.
Cette étrange théorie dénonce la naïveté de ses auteurs. Il n’est pas de saboteur qui s’avise de saboter continuellement, s’il ne veut pas être démasqué à bref délai. Au contraire, un vrai saboteur doit, de temps en temps, montrer des succès dans son travail, ceci étant pour lui l’unique moyen de se préserver comme saboteur, de gagner la confiance et de poursuivre son travail de sabotage.
Je pense que cette question est claire et se passe d’explications complémentaires.
Il faut démolir et rejeter loin de nous la troisième théorie pourrie, selon laquelle l’exécution systématique des plans de l’économie réduirait à néant le sabotage et ses résultats.
Une telle théorie ne peut poursuivre qu’un but : chatouiller un peu l’amour propre bureaucratique de nos administrateurs, les tranquiliser et affaiblir leur lutte contre le sabotage.
Que signifie « exécution systématique de nos plans de l’économie » ?
Premièrement, il a été prouvé que tous nos plans économiques sont infériorisés, car ils ne tiennent pas compte des immenses réserves et des possibilités que recèle notre économie nationale.
Deuxièmement, l’exécution globale et dans leur ensemble des plans économiques par commissariats du peuple, ne signifie pas encore que les plans soient aussi exécutés par certaines branches très importantes. Au contraire, les faits attestent que tout un ensemble de commissariats du peuple, qui ont accompli et même dépassé les plans économiques annuels, systématiquement n’exécutent pas les plans de certaines branches très importantes de l’économie nationale.
Troisièmement, il ne peut faire doute que si les saboteurs n’avaient pas été démasqués et boutés dehors, les choses iraient infiniment plus mal en ce qui concerne l’exécution des plans économiques, ce dont devraient se souvenir les auteurs myopes de la théorie analysée.
Quatrièmement, les saboteurs, ordinairement, choisissent, pour leur principale action de sabotage, non pas le temps de paix, mais la veille de la guerre ou le temps de guerre même. Admettons que nous nous laissions bercer par la théorie pourrie de l’ « exécution systématique des plans de l’économie » et que nous ne touchions pas aux saboteurs. Les auteurs de cette théorie pourrie se représentent-ils le tort immense que les saboteurs feraient à notre État en cas de guerre, si nous les laissions au sein de notre économie nationale, à l’ombre de la théorie pourrie de I’« exécution systématique des plans de l’économie » ?
N’est-il pas clair que la théorie de l’« exécution systématique des plans de l’économie » est une théorie avantageuse pour les saboteurs.
Il faut démolir et rejeter la quatrième théorie pourrie, selon laquelle le mouvement Stakhanov serait le moyen essentiel de liquidation du sabotage.
Cette théorie a été inventée pour pouvoir, à la faveur de bavardages sur les stakhanovistes et le mouvement Stakhanov, détourner les coups destinés aux saboteurs.
Dans son rapport, Mololov nous a signalé toute une série de faits attestant que les saboteurs trotskistes et non-trotskistes du bassin de Kouznetsk et de celui du Donetz, abusant de la confiance de nos camarades atteints d’insouciance politique, ont systématiquement mené par le bout du nez les stakhanovistes leur ont mis des bâtons dans les roues, ont créé artificiellement des obstacles au succès de leur travail et sont parvenus, finalement, à désorganiser leur travail. Que peuvent faire les stakhanovistes à eux seuls, si, dans le bassin du Donetz, par exemple, le sabotage dans la conduite des grands travaux a causé une rupture entre les travaux préparatoires de l’extraction du charbon, lesquels retardent sur les rythmes, et tous les autres travaux ? N’est-il pas clair que le mouvement stakhanoviste lui-même a besoin d’une aide réelle de notre part, contre toutes les machinations des saboteurs, pour faire avancer les choses et accomplir sa grande mission ? N’est-il pas clair que la lutte contre le sabotage, la lutte pour liquider le sabotage, pour mater le sabotage, est la condition indispensable pour que le mouvement stakhanoviste puisse prendre toute son ampleur ?
Je pense que cette question est également claire et se passe d’explications complémentaires.
Il faut démolir et rejeter loin de nous la cinquième théorie pourrie, selon laquelle les saboteurs trotskistes n’auraient plus de réserves, qu’ils achèveraient d’épuiser leurs derniers cadres.
Cela est faux. Seuls les gens naïfs ont pu inventer cette théorie. Les saboteurs trotskistes ont des réserves. Celles-ci se composent, tout d’abord, des débris des classes exploiteuses battues en U.R.S.S. Elles se composent de toute une série de groupes et organisations, au delà des frontières de l’U.R.S.S., et hostiles à l’Union soviétique.
Prenons, par exemple, la IVe Internationale contre-révolutionnaire trotskiste, composée, pour les deux tiers, d’espions et d’agents de diversion. N’est-ce pas là une réserve ? N’est-il pas clair que cette Internationale d’espions formera des cadres pour l’action d’espionnage et de sabotage des trotskistes ?
Ou bien prenons, par exemple, le groupe de l’aigrefin Schefflo, en Norvège, qui abrita chez lui le maître espion Trotski et l’aida à nuire à l’Union soviétique. Ce groupe n’est-il pas une réserve ? Qui peut nier que ce groupe contre-révolutionnaire continuera, comme par le passé, à servir les espions et les saboteurs trotskistes ?
Ou bien encore, prenons, par exemple, un autre groupe, celui d’un aigrefin du même acabit que Schefflo, le groupe Souvarine, en France. N’est-ce pas là une réserve ? Peut-on nier que ce groupe d’aigrefins aidera aussi les trotskistes dans leur activité d’espionnage et de sabotage contre l’Union soviétique ?
Et tous ces messieurs d’Allemagne, tous ces Ruth Fischer, ces Maslov, ces Urbans, qui se sont vendus corps et âme aux fascistes, ne sont-ils pas une réserve pour l’action trotskiste d’espionnage et de sabotage ?
Ou bien, par exemple, la fameuse horde des écrivains bien connus d’Amérique, avec, en tête, la célèbre fripouille Eastman, tous ces bandits de la plume qui ne vivent qu’en calomniant la classe ouvrière de l’U.R.S.S., ne constituent-ils pas une réserve pour le trotskisme ?
Oui, il faut rejeter loin de nous la théorie pourrie qui prétend que les trotskistes achèvent d’épuiser leurs derniers cadres.
Enfin, il faut démolir et rejeter encore une théorie pourrie : qu’étant donné que nous, bolchéviks, sommes nombreux et que les saboteurs sont en petit nombre ; que nous, bolchéviks, sommes soutenus par des dizaines de millions d’hommes, tandis que les saboteurs trotskistes ne sont soutenus que par des unités et des dizaines, nous, les bolchéviks, pourrions bien ne pas faire attention à une malheureuse poignée de saboteurs.
C’est faux, camarades. Cette théorie plus qu’étrange a été imaginée pour consoler ceux de nos camarades dirigeants dont l’incapacité à combattre le sabotage les a fait échouer dans leur travail, et pour assoupir leur vigilance et les laisser dormir tranquilles.
Que les saboteurs trotskistes soient soutenus par des unités, tandis que les bolchéviks le sont par des dizaines de millions d’hommes, cela est évidemment exact. Mais il ne s’ensuit nullement que les saboteurs ne peuvent causer le plus sérieux préjudice à notre œuvre. Pour faire du tort et nuire, il n’est pas besoin d’une grande quantité d’hommes. Pour construire le Dniéprostroï, il a fallu des dizaines de milliers d’ouvriers. Tandis que pour le faire sauter, il faudrait peut-être quelques dizaines d’hommes, pas plus. Gagner une bataille pendant la guerre, peut nécessiter plusieurs corps de l’Armée rouge. Tandis que pour empêcher cette victoire, sur le front, il suffit de quelques espions à l’état-major de l’armée, voire même à l’état-major de la division, qui puissent voler le plan des opérations et le communiquer à l’ennemi. Pour construire un grand pont de chemin de fer, il faut des milliers d’hommes. Mais pour le faire sauter, quelques hommes suffisent. On pourrait citer des dizaines et des centaines de ces exemples.
Par conséquent, on ne saurait se consoler à l’idée que nous sommes nombreux, tandis qu’eux, les saboteurs trotskistes, sont en petit nombre.
Il faut faire en sorte qu’il n’y ait point du tout de saboteurs trotskistes dans nos rangs.
C’est ainsi que se pose la question de savoir comment liquider les défauts de notre travail, communs à toutes nos organisations tant économiques et de l’État, qu’administratives et du Parti.
Telles sont les mesures à prendre pour liquider ces défauts.
En ce qui concerne spécialement les organisations du Parti, et les défauts de leur travail, il est parlé de façon suffisamment détaillée des mesures à prendre pour liquider ces défauts dans le projet de résolution soumis à votre examen. C’est pour quoi je pense qu’il n’est pas nécessaire d’insister ici sur ce côté de la question.
Je voudrais simplement dire quelques mots de la préparation politique et du perfectionnement de nos cadres du Parti.
Je pense que si nous pouvions, que si nous savions préparer idéologiquement et aguerrir politiquement nos cadres du Parti, depuis le bas jusqu’en haut, afin qu’ils puissent s’orienter aisément dans la situation intérieure et internationale, si nous savions en faire des léninistes, des marxistes d’une maturité totale, capables de résoudre sans fautes graves les problèmes de la direction du pays, nous résoudrions les neufs dixièmes de toutes nos tâches.
Comment les choses se présentent-elles pour les cadres dirigeants de notre Parti ?
Notre Parti comprend, si l’on considère ses couches dirigeantes, environ de 3 à 4 000 dirigeants supérieurs. Je dirais que c’est là le haut commandement de notre Parti.
Puis viennent 30 à 40 000 dirigeants moyens. Ce sont nos cadres d’officiers du Parti.
Puis vient un effectif de commandement subalterne du Parti d’environ 100 à 150 000. Ce sont, pour ainsi dire, nos cadres de sous-officiers du Parti.
Élever le niveau idéologique et la préparation politique de ces cadres de commandement, verser dans ces cadres les forces nouvelles, qui attendent leur promotion et élargir ainsi l’effectif des cadres dirigeants, telle est la tache.
Que faut-il pour cela ?
Tout d’abord, il faut inviter nos dirigeants du Parti, depuis les secrétaires de cellules jusqu’aux secrétaires des organisations de régions et de Républiques, à trouver, dans un délai fixé, deux hommes, deux militants du Parti, capables de les suppléer effectivement. On peut dire : mais où trouver deux suppléants pour chacun de nous, nous n’avons pas de tels hommes, nous n’avons pas de militants appropriés. C’est faux. Les hommes capables, les hommes de talent, nous en avons des dizaines de milliers. Il faut seulement les repérer et les promouvoir en temps voulu, afin qu’ils n’entrent pas en décomposition en végétant à leur vieille place. Cherchez et vous trouverez.
Ensuite. Pour l’éducation de Parti et le perfectionnement des secrétaires de cellules, il faut créer, dans chaque centre régional, des cours du Parti, comportant quatre mois d’étude. Il faut envoyer à ces cours les secrétaires de toutes les organisations primaires du Parti (cellules), et puis, lorsqu’ils auront terminé ces cours et regagné leur poste, on y enverra leurs suppléants et les membres les plus capables des organisations primaires du Parti.
Ensuite. Pour le perfectionnement politique des premiers secrétaires des organisations de rayon, il faut créer en U.R.S.S., disons, dans les dix principaux centres, des cours léninistes de huit mois. A ces cours, il faut envoyer les premiers secrétaires des organisations de rayon et d’arrondissement du Parti, et puis, lorsqu’ils auront terminé ces cours et regagné leurs postes, on y enverra leurs suppléants et les membres les plus capables des organisations de rayon et d’arrondissement.
Ensuite. Pour le perfectionnement idéologique et le perfectionnement politique des secrétaires des organisations de ville, il faut créer, auprès du Comité central du Parti communiste de l’U.R.S.S., des cours d’histoire et de politique du Parti comportant six mois d’étude. À ces cours, il faut envoyer les premiers ou les seconds secrétaires des organisations de ville, et puis, lorsqu’ils auront terminé ces cours, regagné leur poste, on enverra les membres les plus capables des organisations de ville.
Enfin. Il faut créer, auprès du Comité central du Parti communiste de l’U.R.S.S., une conférence de six mois pour les questions de politique intérieure et internationale. On y enverra les premiers secrétaires des organisations de région et de territoire et des comités centraux des Partis communistes nationaux. Ces camarades devront fournir non pas une, mais plusieurs équipes capables de remplacer les dirigeants du Comité central de notre Parti. La chose est indispensable et doit être faite.
Je termine.
Nous avons donc exposé les défauts essentiels de notre travail, ceux qui sont communs à toutes nos organisations économiques, administratives et du Parti et ceux qui sont propres uniquement aux organisations du Parti, défauts qu’exploitent les ennemis de la classe ouvrière pour leur action de sabotage et de diversion, d’espionnage et de terrorisme.
Nous avons établi ensuite les mesures essentielles nécessaires pour liquider ces défauts et mettre hors d’état de nuire les menées de diversion et de sabotage, d’espionnage et de terrorisme des agents trotskistes-fascistes des services d’espionnage étrangers.
Une question se pose : pouvons-nous réaliser toutes ces mesures, avons-nous pour cela toutes les possibilités nécessaires ?
Nous le pouvons, incontestablement. Nous le pouvons parce que nous disposons de tous les moyens nécessaires pour effectuer ces mesures.
Qu’est-donc qui nous manque ?
Il ne nous manque qu’une chose : être prêts à liquider notre propre insouciance, notre propre bénignité, notre propre myopie politique.
Là est la difficulté.
Mais se peut-il vraiment que nous ne sachions pas nous débarrasser de cette maladie ridicule et idiote, nous, qui avons renversé le capitalisme, qui avons construit le socialisme dans l’essentiel, et avons levé le grand drapeau du communisme mondial ?
Nous n’avons pas de raisons de douter que nous nous en débarrasserons certainement, bien entendu, si nous en avons la volonté. Nous ne nous en débarrasserons pas simplement, mais en bolchéviks, pour de bon.
Et, lorsque nous nous serons débarrassés de cette maladie idiote, nous pourrons dire en toute certitude que nous n’avons à craindre aucun ennemi, ni les ennemis de l’intérieur, ni les ennemis de l’extérieur, que leurs menées ne nous font pas peur, car nous les briserons dans l’avenir comme nous les
brisons aujourd’hui, comme nous les avons brisées dans le passé.